top of page
Image de Jan Kahánek

TEXTES

AU DELÀ DES MOTS

Caroline invente des histoires depuis aussi loin qu'elle se souvienne. Développer des univers complexes et cohérents, faire grandir et évoluer des personnages, évoquer avec subtilité et justesse des choses aussi abstraites et insaisissables que les émotions humaines et transmettre le tout avec passion et efficacité est le défi qui l'anime au quotidien.

Que ce soit par l'image ou par les mots, la narration que Caroline propose inspire, touche, élève et transporte. Son expérience en arts visuels, en littérature, en bande dessinée et en jeux à la caméra ont nourri son imaginaire et affuté ses aptitudes narratives.

Projet 3 wix.jpg

VOIR LES TEXTES EN FRANÇAIS

VOIR LES TEXTES EN ANGLAIS

VOIR LES LIVRES ILLUSTRÉS ET BANDE DESSINÉE

TEXTES EN FRANÇAIS

BIOGRAPHIE

Nouvelle

Ma vie a commencé comme n'importe quelle autre, dans l'obscurité humide et enveloppante des entrailles de ma mère, puis, tout d'un coup, emportée par la fuite incontrôlable du liquide qui me baignait, j'émergeai des ténèbres de mon inexistence dans le froid d'un espace sans fin inondé par une lumière brutale et parfaitement blanche. Avant moi, il n'y avait rien d'autre que le néant le plus total, le noir absolu, mais un noir qui présageait l'apparition de la conscience humaine. Peu importait les efforts que je déployais pour me souvenir de l'ère avant moi, rien ne me permettait de connaître ce qui m'avait précédée. Les premières années de ma vie se sont écoulées trop vite, comme une course sans fin où je vivais sans trop m'en rendre compte, faisant erreur sur erreur, riant, pleurant, me pétant la gueule au passage en pleurnichant sous le coup de la douleur.


J'ai ainsi vécu ma tendre enfance comme une succession de souvenirs d'une précision remarquable que le temps a bien sûr fait en sorte de distordre et de déformer. Vers l'âge de sept ans, enfin, j'eus l'impression de commencer à vivre vraiment. Ma mémoire s'était solidifiée, j'avais finalement l'espace nécessaire pour tout emmagasiner dans mon crâne, et longtemps je me suis appliquée à tout mémoriser par peur d'oublier. Après tout, si je n'ai pas le souvenir de mes expériences passées, comment puis-je affirmer que je suis toujours la même? Et comment garantir que je ne répèterai pas les mêmes erreurs?


Ma vie étant en constante évolution, j'ai bientôt vu les autres changer, devenir plus mûrs, plus adultes, puis mon propre corps a commencé à changer, mais mon esprit refusait de suivre. Ayant déjà conscience depuis fort longtemps que tout changement me mènerait un peu plus loin dans la vie et donc, forcément, un peu plus proche de la fin de mon histoire, je me refusais à cette fatalité que l'on appelle "grandir". Le temps, indifférent et impartial, a pourtant poursuivi sa course, ignorant mon sort. Je me suis donc retrouvée adulte et avec ce nouvel âge de raison et de responsabilité, je me suis retrouvée bombardée par les angoisses et les doutes propres à ceux qui commencent dans ce qu'on nomme communément "la vraie vie". Je découvris alors d'un même trait les questions existentielles qui ne m'avaient jamais traversé l'esprit, les peurs et les craintes liées à l'adversité toute nouvelle, l'impatience d'être libérée de ses chaînes d'enfant et le regret de ne plus l'être dorénavant, je fus soudain touchée par le spleen, par le mal-être universel, et aujourd'hui encore, je cherche à m'en déprendre.


Comment regagner ma liberté auprès de la vie? Comment retrouver mon insouciance d'enfant? Comment simplement vivre? Chaque soir, je me couche sans penser à demain et chaque matin, je me réveille en réfléchissant à l'avenir et je réalise malgré moi la même chose à tous les coups: que se sera toujours à suivre... Jusqu'à la toute fin.

371 BOULEVARD LANGELIER, POÈME

Poème

Sur le boulevard ralenti et alourdi par le temps, une façade de briques avec une porte jaune au cadre de bois, peinture trop sèche, vielle poignée. Derrière elle, sa jumelle nous fait patienter. Un hall trop grand, trop vaste, trop profond s’ouvre, gigantesque planché usé, lourdes tentures de velours marine. Dans les ombres au fond au cœur même de la demeure, là où la rare lumière explose en éclats de cristal, un grand escalier au bois grave et carré, aux larges marches tapissées d’un sentier, nous entraîne tout en haut. Pour y arriver, il faut passer sous un fantôme roux, qui veille inlassablement attaché au mur. Il n’est pas seul.


Au bout du couloir, une porte qui ne mène nulle part nous fait voir par son œil unique un lieu inconnu.  Une autre porte, car il y en a beaucoup des portes, de bois clair est ouverte accueillante sur une salle lumineuse. C’est un bureau chaotique encombré de papiers qui recèle de merveilles oubliées. Toute une vie s’y est accumulée en couches striées de roche sédimentaire.


Quartz, coquillages, poisson globe, opales, rubis étoilé,


Fossiles aussi, et une loupe pour tout regarder.


Une télé toujours éteinte, des objets sans nom à qui on donne une nouvelle utilité. Puis une chambre avec un lit trop haut, il faut sauter pour grimper dessus ou glisser en dessous pour se cacher. Une causeuse rose et vieille, une coiffeuse de cristal, une commode trop haute avec une boîte à musique, un désordre de plantes. C’est dans cette chambre qu’ont lieu les complots, c’est le QG et le bureau la salle d’opération, c’est là qu’une fois isolé, la magie prend vie. Et puis, la nuit, les lumières au plafond projettent les ombres d’anciens souvenirs, des fantômes et des histoires jamais entendus que l’on se promet de découvrir un jour.


Et les joies et les rires de la journée se referment sur eux-mêmes. Demain… Mais pas avant sept heures.

MAHEKA

titre de travail, extrait de roman

Deux coups timides résonnèrent dans la pièce. Zack releva la tête de ses papiers.


« Entrez. » dit-il sur un ton parfaitement indifférent.


La grande porte s’ouvrit sur cette familière silhouette qu’était devenue Maheka. Hésitante, elle fit quelques pas sur le vieux plancher, ses mains jointes sur un petit objet que Zack reconnu tout de suite. Sans bouger davantage, Zack considéra son invitée avec curiosité, le visage aussi impénétrable que de coutume. Maheka, embarrassée, n’arrivait pas à se souvenir pourquoi elle était venue le déranger dans ses appartements à une heure si tardive pour un paquet de cartes. Regrettant déjà son geste, elle ne pouvait cependant plus reculer maintenant qu’elle était entrée. Elle se mit à parler, toujours avec cette hésitation troublée qui la prenait lorsqu’elle se retrouvait seule avec lui, et entreprit de lui expliquer la raison de sa présence.


« Je euh… Je voulais… »


Le silence retomba brusquement, faisant peser sur les épaules de Maheka tout l’embarra de la situation. Lui demeura immobile dans cette attente patiente qu’ont les fauves tapis dans l’ombre.


« Je voulais seulement… vous remettre… »


Elle tendit le paquet de cartes vers lui. Zack n’eu aucune réaction. La gêne, qui s’accumulait de plus en plus, fit rougir la pauvre Maheka. Finalement, Zack remua. Après avoir déposé ses papiers, il se mit à marcher vers elle avec lenteur, ses yeux pénétrants fixés sur elle, avec ce visage que rien jamais ne vient troubler. Elle eu envie de reculer, mais retint son geste. Quand il arriva à sa hauteur, il s’arrêta. Il prit le paquet de cartes et le jeta sur la console qui longeait le mur à sa droite. Maheka regretta de ne pas l’avoir fait elle-même et voulu partir tout de suite, mais Zack ouvrit la bouche :


« C’est tout? » demanda-t-il, désinvolte. Maheka peinait à le regarder dans les yeux.

« Je euh, je voulais vous remercier… » murmura-t-elle lentement.


Le visage du garçon se radoucit. Seule cette curiosité irrépressible qu’il éprouvait pour le mystère qu’elle était venait trahir le bleu tranquille de ses yeux. Le silence avait reconquit la pièce et Maheka, le souffle suspendue, se crut obligée de le meubler:


« C’est tout. J’espère que je ne vous ai pas dérangé… »


Il ne répondit rien. On n’entendait plus que la respiration de Maheka, tremblante comme une feuille face à son interlocuteur. Lui se contentait de regarder… Doucement, son regard glissa sur sa joue et s’arrêta sur sa bouche; et elle sentit monter en elle la même peur qui l’avait effleurée à la bibliothèque. Il s’approcha d’un pas, puis d’un autre. La respiration de Maheka s’était tue. Il se pencha, elle se tendit; et leurs bouches se rencontrèrent. D’un coup, la gêne disparut, les tremblements se transformèrent en fébrilité, l’incertitude s’évapora. Elle attrapa son épaule, il glissa ses mains sur sa taille, ils se rapprochèrent encore. Et leurs mains vagabondes errèrent sur le corps de l’autre, aveugle et avide. Un ruban se dénoua, puis un autre, les boutons sautèrent, les tissus glissèrent les uns après les autres sur leur peau jusqu’à ce qu’il n’en reste plus aucun. Leur peau, ensemble, leurs mains, leur bouche… Il l’entraîna avec lui; et elle, dans cette obéissance irréfléchie du moment, le suivit sans crainte aucune.

ALEXANDER MCQUEEN:
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE

Extrait d'article publié sur Avril Magazine

            L’histoire d’Alexander McQueen soulève cependant une réalité bien sombre de l’industrie de la mode. Le développement de la technologie, l’industrialisation et la mondialisation menèrent inévitablement à la privatisation et la corporatisation des maisons de couture. Elles n’étaient plus de petits établissements régies par leur fondateur mais bien des entreprises lucratives, achetées et gérées par des magnats avides de profits. Les commerces de niches devinrent des empires commerciaux dont les principaux acteurs, extérieurs au monde de la mode, troquèrent sans états d’âme la créativité et l’intuition pour des recettes faciles, reproductibles et déclinables à l’infini. Les designers, autrefois artistes accomplis, devinrent des pièces interchangeables dans la machine de production des entreprises de mode. Les collections se multiplièrent jusqu’à atteindre un nombre impossible : on passa de deux à quatre collections par année… pour chaque branche de l’entreprise. Entre les collections de haute couture, de prêt-à-porter, les lignes d’accessoires, les pré-collections pour hommes et pour femmes, sans parler du fait qu’il est courant pour un designer de travailler pour plusieurs labels en même temps, il est impossible de ne pas perdre la carte. Plus d’un grand designer fut sacrifié sur l’hôtel de la réussite financière… Quant à Lee, pour soutenir le rythme rapide et incessant de son industrie, il se mit à consommer de grande quantité de drogue, nourrissant sa dépression déjà existante. Le tout jumeler à des tragédies personnelles comme le suicide d’Isabella Blow, sa marraine la bonne fée et grande amie, ainsi que le décès de sa mère suite à un cancer, eu raison de lui. Le 11 février 2010, Lee Alexander McQueen se suicida. 


            On pourrait parler des connaissances techniques de McQueen pendant très longtemps, soulignant avec quel génie il a su utiliser sa formation de tailleur et les traditions pour réinventer les classiques, contourner les règles, briser les conventions et innover. On pourrait parler du bumpster, devenu un item culte de la garde-robe des années 2000 ou encore des Frock Coats caractéristiques de son style… Mais ce qui rend Alexander McQueen si unique et important dans l’univers de la mode ne relève pas tant de ses prouesses techniques, de son esprit rebelle ou même de ses innovations. Ce qui le distingue, c’est avant tout sa créativité. Alexander McQueen ne faisait pas que designer des vêtements, il faisait de l’art. Ses collections avaient plus que des thèmes, elles avaient des revendications, des humeurs, une âme; elles puisaient leurs origines dans l’histoire, celle avec un grand H mais aussi celle de McQueen, elles s’inspiraient de drame et de beauté, critiquaient avec vigueur le monde dans lequel nous vivons, expiaient les démons de leur créateur, sublimaient les modèles et portaient en elles autant de ténèbres que de lumière pour former un tout étrange, envoutant, lourd de significations, comme un long dialogue dont on ne saisit que quelques phrases au passage mais qui reste dans nos mémoires et continue d’exister longtemps après que le spectacle se soit terminé. Lee l’a dit lui même : son travail a toujours été en quelque sorte autobiographique. Voilà pourquoi, pour comprendre ses vêtements, il faut connaître son histoire car chaque collection est un morceau de casse-tête de sa vie, de ses idées, de ses blessures et de ses espoirs et il est impossible de résumer en quelques pages l’étendu de son génie créatif. Lee a pourtant payé le prix fort pour sa grandeur, prisonnier d’une industrie déséquilibrée, de l’illusion de son personnage et de son besoin de créer, il a disparu dans les ténèbres à jamais, laissant derrière lui un empire commercial et ses créations comme seul héritage.

TEXTES EN ANGLAIS

THROUGH THE PAGES

Titre de travail, extrait de roman

    I sat down next to him and the silence filled the chilling air as our eyes got lost somewhere between the sky and the ocean far, far away. Then, Colin laid down on his back to get a better view of the sky. I imitated him.

“That’s something that never changes.
-What is?
-The night sky.”

    I knew very little about astronomy and space in general. I have to admit, looking at stars at night, however beautiful, wasn’t something that I particularly liked. But my friend’s words were intriguing to me. I didn’t know enough to differentiate the sky I was looking at from the sky I was born under, but I knew that it wasn’t the same, the same way that ocean wasn’t like the ones back home or the plants or the birds or even the rocks… So I turned to him and asked:


“What do you mean, it never changes?
-Well…”

    He seemed to struggle to organise his thoughts into intelligible sentences.


“I said that, but I wasn’t actually thinking about the sky itself. I was thinking of it’s place in human culture. Every single people that ever lived turned their eyes toward the stars at some point and tried to learn form them. The stars were given names and stories and even powers. Stars are common receivers of existential questions and wishes… There are often associated with souls and always looked at as gods. If you want to learn about one’s culture, you should ask about the stars.”

    I let those words resonate within me. It was so true… Back home, the planets were named after roman gods and the astrological signs were supposed to influence our personalities. Every people on my planet, from the Mayan to the Chinese, including Europeans and Egyptians and Vikings… Well… Everyone, really, looked up to the sky to find meaning.


“What do those stars say about this island?
-Those stars? Well… I guess they have to be an exception. Nobody really lived here so, those stars are still nameless. Most of them are, anyway. There was one guy who came here at some point who had a passion for astronomy, so he did identify a few constellations…
-Ok, then, what do they say about him?
-He was from Nimirya. So, it is very inspired by the Nimiryan beliefs and the old religion. There is one constellation that is called “The traveler”… It’s the only one that I can remember.
-Do you know where it is?
-Hum… I can try to find it.”

    A few minutes passed when Colin suddenly pointed the sky.

“I think it’s there…
-You’re not sure?
-Hey, I’m not an astronomer, okay?
-Whatever. Where did you say?
-There! You can see there’s a triangle and then next to it, on its left, there’s a big shiny star that represents it’s lantern… Or something like that.
-Wow. You’re not good at this.
-Can’t be good at everything.”

    I laughed, trying to distinguish the shape of a traveler in the triangle, but I guess it was too abstract for me.

“You know what we should do? We should both pick a star and name it and then write it down in a notebook and leave it here for posterity, so the next time some unfortunate soul get stock here, they’ll be able to learn a little bit about us and where we come from.
-What if we pick a star that was already identified by the astronomer guy?
-Well then… We’ll just… Change star, I guess? Whatever.
-Okay then.
-I pick this one.
-Why this one?
-I don’t know. It’s very shiny.
-They’re all very shiny.
-It’s right under a big square, so it will be easy to find again.
-I suppose that’s a good reason… What are you gonna call it?
-I’m hesitating…
-Between what and what?
-Between something deep and classy and something stupid and irrelevant.
-Well… I feel like this would definitaly say more about you than it would about where you’re from.”

    I laughed.

“I guess you’re right. I think I’ll name it Steve."

MARGUERITE AND PHILIPPE

Titre de travail, extrait de roman

She stood across the kitchen; her eyes wide open in disbelief.

“… You never slept with her???”

And, frozen in place, I looked straight back at her with slight panic and flagrant discomfort all over my face.

“…I… eh… It’s not that… I mean…
-But you’ve been going out for 2 years! And you live together!
-I know! I know but…
-But what?”

We looked at each other in silence, both shocked for completely different reasons.

“Do you desire her?
-If I- OH MY GOD, MAG!
-What?
-You can’t just…
-Do you desire you girlfriend? That’s not such an extravagant question! Why do you even feel so uncomfortable?”

Why? WHY? Cause I am a generally uncomfortable person who feels awkward about everything, forever and always.

“I don’t wanna talk about this with you, it’s… It’s…
-It’s what?
-It’s just weird cause…
-Cause I’m a girl?
-Cause you’re my childhood friend.”

I looked at her hoping that she understood how awkward it felt to talk about adult subjects to someone who knew me as a kid, someone that I knew as a kid.

“So?”

Aaaand she didn’t. She opened her mouth to start talking again but I cut her out before she could finish her first word.

“Did you ever do it?”

I was trying to make a point here. But then she answered.

“…Yes.”

It was my turn to open wide eyes, staring in disbelief. I didn’t expect her to give me any answer at all, but I guess I’m the only human being on this planet to feel awkward about everything, forever and always.

“…you… With whom?”

I didn’t want to know, really. I knew that the answer didn’t matter, for I would be strangely disappointed anyway. But “who” was the only thing my brain was able to think at that moment. She looked away, which made me think that she didn’t want to say who it was. But then she spoke, her eyes glued to the floor.

“It was Jake.
-Jake?”

THE Jake from high school? That means that she was still a teenager when… When it happened. Oh god.

“But you only dated for like… a week!”

She rose her eyebrows with an amused smile.

“So? It’s not uncommon for people to sleep with their boyfriends. Or girlfriends for that matter.
-That is not the question! You were not even a real couple! Did you even love him?”

Her smile disappeared and she suddenly seemed deeply sad.

“No… But I desired him.”

Her eyes dived into mine. The intensity of her look made it hard to maintain the eye contact. Her eyes finally switched to the wall.

“I wasn’t in a good place in my life…
-You haven’t been in a good place for a long time if I understand correctly.”

She gave me a murderous look. The words had left my mouth before I realized what they meant and I felt terribly bad for saying them out loud. It was my turn to look at the floor.

“I’m sorry… That was uncalled for.”

She remained silent for a few seconds. She didn’t look mad.

“I was feeling terribly alone. I was starting to feel the distance between us and that’s when the drama with my friends started. Plus, there was that super cute girl who had an obvious crush on you… I felt… trapped.”


    A grave silence filled the room. We were no longer looking at each other.

“Jake just happened to be there and he was so nice. He was always telling me how funny I was and I knew that he thought I was cute, because one of his friends told me. And… He was… You know. Hot. I know I shouldn’t have… But I didn’t know back then. I just… I missed you so much. And I was mad at you.”

    Mad at me? The guilt that I felt back then came back to me, the guilt of living my life without her.

“I know it’s not true, but I felt like you abandoned me, like I didn’t belong in your life anymore… That’s why I let Jake and I get closer. I was mad… And… I don’t know. I mean, I know that’s stupid and all… But I kind of wanted to hurt you. That’s why I drowned myself in Jake.”

    She was across the kitchen but I could see her shake ever so slightly. I was conscious of the courage required to confess personal things and I was kind of happy that we were able to talk again.

“I did the exact opposite.”

    I talked very softly. I wasn’t mad at Marguerite. I wasn’t disappointed or anything anymore. I knew how stupid teenagers can be and I knew way too well that I wasn’t any better. She looked up at me, her big eyes shining with the ghosts of our teenage selves.


“I resisted Felicia an awfully long time. I didn’t want to give in because it felt to much like I was letting you down.”

    She smiled softly, her eyes still sad.

“But then you did. Give in, I mean.
-Yes. I don’t understand how it is possible to not like this girl… I mean, she’s kind and caring, she’s quite cute and she is endlessly wise… And patient. And selfless.”

    She had another pale smile.

“Yes, she is nice.”

    Her eyes drifted to the floor.

“Do you love her?”

    I thought I had already answered the question, but maybe she needed a clearer answer.

“Yes, I do.
-Do you love her more than me?”

    I took a few seconds to think about it.

“I don’t think I will ever love anyone as much I love you, not even myself. But I don’t love you like I love her.
-You love her like a girlfriend.
-Yes.
-And you love me…
-Like Marguerite.”

    I couldn’t explain exactly how I felt about her, because I did not understand fully how I did. I couldn’t explain how much something as little and insignificant as her name meant to me and how much she was important and irreplaceable for me. But I knew that she understood because I knew she felt the same way about me.

We looked at each other for a while. I was slightly embarrassed because of all the sharing of personal thoughts, but I was happy that it happened. As I looked in her eyes, I felt like I was able to see her again, I felt closer, connected to her, and for the first time in forever, we felt like we used to, us, two pieces of the same soul finally reunited.

“It feels like old times. When we didn’t need to talk to understand each other.
-We never had much to talk about…
-Well… I talked to you about my fears and you talked to me about your dreams.
-Do you still have the same fears?”

    I smiled.

“I still have some of them. Do you dream about the same things?
-No.”

    My smile faded a bit.

“You were right… Time passes and we grow up. I’ve changed a lot in the passed years and I don’t want the same things I used to want. I no longer know what I dream about…
-You are still you.
-But I’m not a kid anymore.
-But we are still…”

    Connected. Even now, I couldn’t live in a reality where she and I weren’t a thing.

“I used to believe you when you were saying that we were two pieces of the same soul… I used to think that we were the same person. I know, it’s silly and it doesn’t make any sense, but I believed it.”

    A smile filled with compassion bloomed on her lips. And then, I felt the connection again. I was seeing her, and she was seeing me, just like we used to see each other in our imperfect truth and we felt complete. And that feeling of entirety felt sad, because we are not the same soul, because we did grew apart, because our dreams died and our fears remained, because life was still getting between us. She moved slightly and I understood what she wanted to do. She walked slowly to me in the silence of the immobile kitchen and as she let her weight slowly rest against me, I put my arms around her, her eyes in mine. Nothing in the world was truer than this. Nothing in the world was truer than us. And softly, very softly, she put her lips on mine and smooched me before resting her head on my shoulder, and then, we felt sad again.

INTROSPECTION

Premier livre illustré écrit, dessiné et édité par Caroline. "Introspection" parle de blessure et de douleur mais surtout de guérison. Subtilement poétique, ce récit très personnel a été créé pour refléter avec perspicacité l'expérience de chacun et offrir un début de réponse aux tourments auxquels nous faisons tous face.

BANDE DESSINÉE

Extraits de BD diverses

bottom of page